8 septembre 2010 3 08 /09 /septembre /2010 23:03
Le régime des retraites est un problème sensible et complexe. C’est un contrat qui implique l’individu et la société. S’il y a aujourd’hui problèmes, c’est que les conditions ont évolué et continueront à évoluer. S’il est sensible, c’est parce qu’on touche aux règles existantes qui doivent évoluer.

Des constats sont incontournables : l’âge du premier emploi recule ( s’il était pour certains à 14 ans, il y a 60 ans, il est actuellement sensiblement retardé) et le temps de vie ne cesse d’augmenter. Par ailleurs une inégalité demeure flagrante entre hommes et femmes, la pénalisation des mères était autrefois partiellement compensée par le temps de service militaire des garçons, ce qui n’est plus le cas.  Et, à égalité de diplômes ou de compétences, pourquoi une femme est-elle généralement moins payée que son homologue masculin (ce qui entraîne une moindre retraite...) ?

Tous les Français sont attachés au principe de la «retraite par répartition» organisée et garantie par la «fonction publique».

S’il faut adapter les règles aux nouvelles réalités - ce dont tout le monde est d’accord -, ne faut-il pas que les décisions soient faites en concertation avec les travailleurs et leurs représentations syndicales, entre autres ?

N’est-ce pas une grande maladresse du gouvernement que d’avoir voulu imposer une solution non négociée ? Il est évident que les politiciens s’en mêlent et que, sur cette question, la gauche ne peut tactiquement rester muette…

Car, au delà de l’âge, le principal sujet de discorde n’est-il pas de savoir qui va finalement payer l’addition ? Les Travailleurs ? Les revenus du "Grand Capital" ? La justice ne voudrait-elle pas que ce soit évidemment les deux ?

Que les cotisations du «secteur public» soient alignées sur celles du secteur privé, cela peut se concevoir (Autrement dit, ce sont les fonctionnaires et assimilés qui seront touchés).

Que le nombre d’années de cotisation soit relevé (de 40 à 42), cela peut paraître logique.

Mais pourquoi imposer un âge minimum ( 62 ans), ce qui pénalise ceux qui ont commencé à travailler plus jeunes ?

Et surtout, comment prendre en compte la «pénibilité» réelle d'un emploi ou d’une fonction, comment tenir compte de la maladie personnelle d’un travailleur, comment tenir compte des «accidents» de parcours tels qu’un licenciement, une période de chômage, ce que connaissent de nombreux quinquagénaires mis sur la touche par un patronat leur préfèrant un jeune (qui sera payé moins cher, donc solution avantageuse pour les finances de l’entreprise…) ?

Toute cette dimension sociale, ne pas la prendre concrètement en compte, voilà qui constitue un dangereux pari pour nos gouvernants. Méprisez les millions de grévistes de mardi dernier, serait une faute. A la rencontre électorale de 2012, dans guère plus de 18 mois maintenant, certaines légèretés d’aujourd’hui ne pourraient-elles pas se faire payer assez cher ?

Jean Bisson – 09 09 2010

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