Le commerce de la viande connait un nouveau scandale. Après celui de la viande de cheval commercialisé pour du boeuf, voici 57 tonnes de mouton britannique mises en vente alors qu'il s'agissait de viande officiellement retirée du commerce. Selon notre ministère de l'Agriculture, ce serait le courtier anglais Draap Trading, basé à Chypre, qui aurait commercialisé cette marchandise comme "viande dénervée d'agneau", alors qu'il s'agissait de viande hachée découpée et hachée mécaniquement selon une technique interdite dans l'Union européenne. Certe la viande n'est pas nécessairement impropre à la consommation parce qu'on racle mécaniquement les os des bêtes abattues. Mais l'abattage et la préparation de la viande ne respectent pas le protocole exigé par les lois européennes.
La loi est exigeante, certes, mais elle a ses raisons. Et moi-même, si j'achète du mouton, il m'arrive d'aller chez un boucher hallal pour disposer de viande tuée rituellement si je reçois à ma table des amis musulmans dont je respecte les principes.
Ce qui est actuellement pénible, c'est que, pour gagner un peu plus, certains ferment volontiers les yeux sur le parcours et le conditionnement des viandes. Et ce doit être vrai dans de nombreux circuits. Peut-on se méfier de tout et être constamment en train de vérifier que ce dont on a besoin est une matière qui a suivi correctement et légalement son circuit ? C'est bien que l'état surveille la trajectoire des marchandises, mais c'est triste d'en être arrivé à ce point.
C'était, autrefois, quand je vivais en terre d'islam, à défaut du maître de maison, le voisin qui venait "sacrifier" le mouton... Ce qu'on mangeait, c'était la viande de l'animal qu'on avait vu, parfois nourri et caressé. On le tuait, non par méchanceté mais simplement pour se nourrir. Enfant, j'allais caresser et parler au lapin dont je savais le triste sort tout proche. Et quand l'instant du sacrifice était arrivé, je me sauvais.
Certaines cultures, certaines gens refusent toute consommation de viande. Mais ne consommer que du poisson ne pose-t-il pas le même problème avec l'animal aquatique? Il faut se nourrir. Mais l'abattage de tout animal doit se faire dans des conditions de respect des animaux abattus. Leur épargner le stress, utiliser pour les abattre les techniques les plus douces, me semble être normal.
Jean Bisson - 20 03 2013