Même au Liban, où la constitution reconnaît la liberté de religion et où aucune discrimination n'est imposée, les chrétiens qui, en 1950, représentaient 50% de la population de la ville de Tier, soit 5.000 sur 10.000 habitants, aujourd’hui, cette communauté chrétienne ne compte plus que 3.000 âmes sur une population de 80.000, soit 2,6 % !
Samir Ghalil Samir pense que "Si nous laissons les choses suivre leur cours naturel, c’est irréversible, parce que la situation ne changera pas en vingt ans. Il faut bâtir une génération de personnes qui aiment la liberté ; c’est cela qui est important : la liberté. Cemouvement qui veut islamiser les sociétés va continuer et on risque d’arriver à un point de non retour, comme en Turquie, où les chrétiens dépassaient les 20% de la population au début du siècle dernier, et ne sont plus que 0,2% aujourd’hui." Il poursuit: " Je crois qu’il est possible de stopper cette tendance dans le monde arabe et de montrer aux musulmans que les chrétiens sont une chance pour leur permettre d’avancer vers une société plus ouverte."
Au Liban, l’imam Chamseddine, ancien président du Conseil de 1994 à 2001, confessait juste avant sa mort que, s'il avait été longtemps convaincu qu’une société islamique était idéale, après 15 ans de responsabilités politiques, il reconnaissait que la société, telle qu’elle est au Liban, est meilleure parce que les Chrétiens y ont apporté leur contribution.
Apprendre à vivre ensemble est l'approche incontournable pour l'avenir. Cette perspective est évidemment à construire dans le respect mutuel des différences. L'Islam des Lumières doit se conjuguer avec la Lumière des philosophes de l'Occident dans de futurs états ouverts au monde. Les hommes sont condamnés à apprendre à admettre leur libre complémentarité.
Jean Bisson 14 05 2012