4 mars 2009 3 04 /03 /mars /2009 00:02
LEMONDE.FR | 03.03.09 | 19h26  •  Mis à jour le 04.03.09 | 08h55

 Le phénomène est mondial, mais reste très difficile à évaluer. Selon le département d'Etat américain, 4 millions de femmes sont victimes d'exploitation sexuelle chaque année. Le Groupement international de paroles de femmes lance, mercredi 4 mars, une journée mondiale de réflexion sur le problème, quelques jours avant la Journée de la femme.

Pour les spécialistes de la question, la prostitution est le socle sur lequel se développe le trafic d'êtres humains. S'y ajoutent le tourisme sexuel et la pornographie sous la contrainte. Dès lors, les bases d'estimations chiffrées utilisées pour mesurer le phénomène sont celles de la prostitution. En France, la police estime qu'il y a 15 000 à 20 000 prostituées, dont au moins 70 % le sont sous la contrainte.

Problème, une grosse part de la prostitution est invisible ou déguisée. Selon les associations, le nombre de sites d'"escorting" aurait ainsi été multiplié par 100 en quelques années à peine. "En Europe la fourchette est très floue, avance Jean-Sébastien Mallet, délégué général de la Fondation Scelles, organisation de lutte contre l'exploitation sexuelle et le proxénétisme. On l'estime entre 300 000 et 1 million. Le chiffre le plus probable se situe autour de 700 000 prostituées dont 70 à 80 % sont des victimes du trafic d'êtres humains."

TROIS MILLIONS DE CLIENTS PAR NUIT

Pour les associations, le plus important est de rendre compte de la mainmise des réseaux mafieux sur la prostitution, avec toutes les étapes de domination que cela suppose, de l'enlèvement aux "maisons de dressage". Pour ces réseaux, la prostitution est un marché énorme : en Europe, le chiffre d'affaires de la prostitution est estimé à 3 milliards d'euros par an.

Si on prend la simple fourchette basse de 300 000 prostituées en Europe, et qu'on sait qu'on leur demande 10 passes par nuit, et c'est souvent un minimum, on obtient 3 millions de clients chaque nuit", avance la Fondation Scelles. "L'Europe se tourne beaucoup vers le cadre législatif suédois, c'est-à-dire la pénalisation du client, pas celle de la prostituée", présente Abysse Bjelinka, présidente du Groupement international de paroles de femmes. Si cette approche dissuasive pour le client n'est pas du goût de celles et ceux qui se disent libres d'exercer leur métier, c'est une des principales demandes des travailleurs sociaux d'Europe de l'Est, explique Jean-Sébastien Mallet. "A chaque fois qu'on va les voir chez eux, ils nous répondent : Occupez-vous plutôt de vos clients, ce sont eux qui entretiennent les réseaux." 

Antonin Sabot

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