4 avril 2010 7 04 /04 /avril /2010 23:03

J’ai lu avec intérêt et plaisir l’éditorial de Jean Daniel, titré « Pour un réformisme radical » et publié dans le dernier « Nouvel Observateur » (N° du 1er au 7 avril).

Je ne vous en donne que les trois premiers et le dernier paragraphes. Si vous voulez lire cet article en entier, allez sur le site : «www.nouvelobs.com/blog Jean Daniel 

Jean Bisson 05 04 2010

POUR UN RÉFORMISME RADICAL

 

« Voici quelques leçons que je tire de mes maîtres. Je suis, selon le mot de Camus, un « réformiste radical » qui pratique, selon le mot de Michel Foucault, une « morale de l'inconfort », avec l'ambition d'atteindre « un bonheur sans transcendance », comme aurait pu le dire, selon moi, Spinoza. Il s'agit tout simplement d'une éthique de gauche.

1- Je ne veux plus changer le monde, je veux le réformer. Je suis réformiste non pas seulement par renoncement à la révolution mais par croyance aux progrès, et je souligne que j'écris ce dernier mot au pluriel. On ne peut plus croire au progrès au sens de Condorcet, de Marx ou d'Auguste Comte. Avant qu'un aigle ne lui dévore le foie, Prométhée a tout de même réussi à dérober quelques secrets à Zeus, qui ont fait  progresser l'humanité en maints domaines. Je maintiens qu'on peut continuer à le faire ici-bas, dans ce monde et tous les jours.

2- Le réformisme radical se conçoit à l'intérieur de l'Héritage des Lumières de la considération de la raison critique comme un irréversible progrès même si ces instruments intellectuels de la raison doit servir à souligner les limites de la raison.

3- Le siècle précédent m'a conduit à  refuser toutes les révolutions, à accueillir toutes les résistances et à m'associer aux entreprises de réformes, mais avec un radicalisme  qui empêche les compromis de devenir des compromissions. Le « réformisme radical »  exclut toute passivité désenchantée. Il est animé d'un esprit de conquête nullement incompatible avec la passion démocratique, la vigilance républicaine, l'imagination de la modernité.

(…)

14- Il y a plusieurs possibilités de ne pas installer son fauteuil dans le sens d'une résignation aux malheurs de la vie et  à la malédiction des hommes. C'est de considérer que « la vie n'est rien, mais [que] rien ne vaut une vie(Malraux), « qu'il ne faut pas chercher dieu ailleurs que partout » (Gide) et que seule l'admiration qui se transforme en amour peut nous empêcher de considérer que « la vie est un conte plein de bruit et de fureur racontée par un idiot et qui ne signifie rien » (Shakespeare). De toute façon, comme le dit magnifiquement François Cheng, « tous les jugements, tous les cultes et tous les rites peuvent disparaître, sauf un seul, celui de la Beauté ».

Jean Daniel   (in « Nouvel Observateur » du 1er  au 7 avril 2010)

Partager cet article
Repost0

commentaires