11 novembre 2009 3 11 /11 /novembre /2009 00:02

Adressée au Ministre Eric Besson, cette lettre je l'ai reçue par internet, envoyée par un ami. Elle doit tourner sur la toile !  Comme je comprends cette confession !

Jean Bisson – 11 11 2009

« Je me souviens, M. Besson, de toutes les fois où j’ai été fière d’être française.

Je me souviens quand j’étais déléguée de classe en quatrième et qu’on a tous chanté La Marseillaise le 11 novembre dans la cour d’honneur du lycée Carnot.
Je me souviens de mon père, qui a été caché par une école de la Croix-Rouge pendant la guerre.
Je me souviens de la finale de la Coupe du monde en 1998 quand on se sentait invincible en chantant I Will Survive.
Je me souviens de Dominique de Villepin à l’ONU qui a refusé la guerre en Irak avec ces mots: "C’est un vieux pays, la France, d’un vieux continent comme le mien, l’Europe."
Je me souviens du score de Jacques Chirac au deuxième tour des présidentielles de 2002.
Je me souviens des Français qui donnent de l’argent au Téléthon alors qu’ils n’en ont pas beaucoup.
Je me souviens que je suis fière d’avoir des origines étrangères.
Je me souviens de la cour de récréation quand on me disait "Roumanoff popoff, kalachnikoff" (et aussi "Roumanoff patate" mais ça, c’est parce que j’étais potelée).
Je me souviens de Lydia, ma grand-mère russe. Lydia a changé trois fois de pays dans sa vie (la Lituanie, l’Allemagne, la France). A 78 ans, elle a été chez son coiffeur en demandant qu’on lui fasse la même coiffure que Lady Di. L’année de la terminale, je déjeunais tous les lundis chez elle. Quand j’essayais de lui parler le russe (que j’avais choisi en deuxième langue), elle protestait "parrrle frrrançais je ne comprrrends rrrien." Mon prof de russe était polonais, ça ne m’a pas aidée pour l’accent.
Je me souviens de Gracia, ma grand-mère du Maroc. Gracia rêvait de devenir écrivain. Quand elle tapait un énième début de roman sur une petite machine à écrire mécanique au milieu de ses sept enfants qui piaillaient, sa sœur lui demandait moqueuse: "Ça va, Victor Hugo?" et ma grand-mère, convaincue de son destin, haussait les épaules.
Je me souviens qu’au lycée, quand on me demandait "Roumanoff, c’est de quelle origine?" », parfois je répondais "chinois" pour m’amuser.

Je me souviens de l’immense espoir suscité par la diversité dans ce gouvernement il y a deux ans et demi. On nous promettait d’agir; maintenant on nous annonce qu’on va réfléchir. Ségolène Royal et Marine Le Pen trouvent que c’est une bonne idée. Alain Juppé, Christine Boutin et Martin Hirsch ne sont pas convaincus. Rama et Fadela sont étrangement silencieuses. Rachida s’en moque, elle pose en couverture de Gala.

L’identité nationale, M. Besson, puisque vous voulez absolument y réfléchir, c’est aussi râler, tout critiquer, ne jamais être content, se croire plus malin que les autres, doubler dans les queues, aimer bien manger, boire trop, savoir s’habiller, mal parler anglais, ne jamais avoir tort, avoir l’air au courant de tout, n’être dupe de rien, n’en penser pas moins. Quand je pars en vacances à l’étranger, au début je suis contente de ne plus voir de Français. Et puis très vite, ça me manque. A l’aéroport, au retour, quand j’entends des gens qui ronchonnent, sans même avoir besoin de tourner la tête, je sais que ce sont des Français. J’ai retrouvé mon identité nationale.

Je me souviens quand Halloween n’existait pas et que le 1er novembre, c’était juste la Toussaint. L’opticien à côté de chez moi a décoré sa devanture avec des toiles d’araignées et a mis une grosse citrouille dans sa vitrine. Je ne suis pas sûre que ça lui fasse vendre plus de lunettes.

Je ne suis pas sûre que ce débat sur l’identité nationale fasse remonter la cote de popularité de ce gouvernement.
Ça n’est jamais bien de poser des bonnes questions pour de mauvaises raisons. »
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