Dans sa tradition, l’Eglise a toujours tenu à honorer les croyants dont la vie et les engagements ont été des témoignages. Mais dans sa prudence et sa sagesse, l'Eglise prenait son temps.
Depuis Jean-Paul II, une foule de personnalités ont été béatifiées et canonisées. Et pour certains, dans des délais de rapidité inhabituelle. Il semble que l’Eglise se soit laissée gagner par le virus moderne de l’immédiateté.
En ce qui concerne PIE XII, cette hâte provoque d'innombrables contestations. On peut déplorer que le débat sur le silence reproché à ce Pontife vis à vis de l’holocauste ne puisse être dûment éclairci puisque les archives historiques vaticanes de cette époque ne sont pas encore «ouvertes». Ne serait-ce que pour cette raison, n’aurait-il pas été plus diplomatique d’attendre ?
Pour ma part, hors de son comportement silencieux que l’on peut expliquer par la volonté de couvrir les engagements particuliers en faveur des Juifs de nombreux membres du clergé italien, je reconnais à Pie XII une ouverture à la modernité, au moins sur 2 points. C'est lui qui a favorisé la recherche biblique scientifique dans l'Eglise, travail qui rassemble depuis son pontificat et jusqu'à ce jour, juifs et chrétiens et qui oriente la définition de l'héritage biblique commun aux juifs et aux chrétiens, travail qui permet d’apprécier le message divin et l’écriture humaine liée à une culture. C’est lui aussi qui a ouvert l’Eglise au monde contemporain de la communication et à qui l’on doit les premiers «Services catholiques d’information et de culture»…
Pie XII, mérite sans doute d’être élevé à la dignité de «Saint», en reconnaissant que les Saints ont tous eu, - eux comme nous - une part d’humanité imparfaite ! Il est dommage de voir l’Eglise se laisser gagner par un fléau du temps, celui de réagir trop rapidement, dans le présent de l’émotion et de la passion.
Jean Bisson - 24 12 2009
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