(Suite d’extraits de Hervé Tremblay, OP - Collège dominicain de philosophie et de théologie, Ottawa)
Dans la Genèse, « Pour bien comprendre le dialogue du serpent avec la femme (qui n'a pas encore reçu son nom d'Ève), il faut suivre la narration. En fait, le récit commence en Gn 2, 25 en affirmant que l'homme et la femme étaient nus et qu'ils n'en avaient pas honte. Dans la Bible, la nudité n'est jamais sexuelle (sauf dans les lois du livre du Lévitique, par exemple Lv 18,7-17); elle a toujours la connotation de « pauvreté, limite, faiblesse, honte, perte de dignité » (cf. Os 2,11; Is 20,4). L'homme et la femme nus l'un devant l'autre signifie que l'harmonie est parfaite, que la relation est ouverte et authentique, dans le respect des limites de chacun. Cette situation idéale pourrait durer à l'infini, si un agent extérieur n'était intervenu : le serpent.
« Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que YHWH Dieu avait faits » (Gn 3,1). Le serpent est donc un des animaux créés par Dieu, à qui l'homme a donné un nom. Mais il est fourbe et rusé, il est même « le plus rusé ». C'est lui qui va attaquer l'humain pour lui rappeler ses limites.
Ce lien entre l'humain et le serpent est souligné grâce à un jeu de mots qu'aime le rédacteur yahviste. Les humains sont arummim « nus », alors que le serpent est arum, « rusé ». Quand le texte dit que le serpent est le plus rusé, c'est ambigu. Cela pourrait signifier positivement qu'il est « le plus sage, le plus prudent », ou négativement qu'il est « le plus fourbe » (cf. Mt 10,16 et sa traduction). » (à suivre)
Jean Bisson – 26 05 2009