25 mai 2009 1 25 /05 /mai /2009 23:02

(Suite d’extraits de Hervé Tremblay, OP - Collège dominicain de philosophie et de théologie, Ottawa)

Dans la Genèse, « Pour bien comprendre le dialogue du serpent avec la femme (qui n'a pas encore reçu son nom d'Ève), il faut suivre la narration. En fait, le récit commence en Gn 2, 25 en affirmant que l'homme et la femme étaient nus et qu'ils n'en avaient pas honte. Dans la Bible, la nudité n'est jamais sexuelle (sauf dans les lois du livre du Lévitique, par exemple Lv 18,7-17); elle a toujours la connotation de « pauvreté, limite, faiblesse, honte, perte de dignité » (cf. Os 2,11; Is 20,4). L'homme et la femme nus l'un devant l'autre signifie que l'harmonie est parfaite, que la relation est ouverte et authentique, dans le respect des limites de chacun. Cette situation idéale pourrait durer à l'infini, si un agent extérieur n'était intervenu : le serpent.

« Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que YHWH Dieu avait faits » (Gn 3,1). Le serpent est donc un des animaux créés par Dieu, à qui l'homme a donné un nom. Mais il est fourbe et rusé, il est même « le plus rusé ». C'est lui qui va attaquer l'humain pour lui rappeler ses limites.

Ce lien entre l'humain et le serpent est souligné grâce à un jeu de mots qu'aime le rédacteur yahviste. Les humains sont arummim « nus », alors que le serpent est arum, « rusé ». Quand le texte dit que le serpent est le plus rusé, c'est ambigu. Cela pourrait signifier positivement qu'il est « le plus sage, le plus prudent », ou négativement qu'il est « le plus fourbe » (cf. Mt 10,16 et sa traduction). »  (à suivre)

Jean Bisson – 26 05 2009  
Partager cet article
Repost0
24 mai 2009 7 24 /05 /mai /2009 23:03

Voilà longtemps que je me documente, que je réfléchis sur la symbolique du serpent. Je vais donc tenter de vous faire partager cette très curieuse richesse.

Préambule : en hébreu, le Serpent ( Na’hash ) et le Messie ( Mashiach ) ont la même valeur numérique de 358, soit la valeur théosophique de 7. Intéressante opposition !

Présent dans de nombreux textes de l’antiquité, le serpent est aussi le premier animal qui apparaît par son nom et par ses caractéristiques dans la Bible.

J’ai trouvé, par internet, un texte qui répond fort bien aux questions à éclaircir : il s’agit d’un  article de Hervé Tremblay, OP du Collège dominicain de philosophie et de théologie, d’Ottawa. J’ai sollicité et obtenu le droit d’utiliser ce texte. Je vous en proposerai de larges extraits dans les articles qui vont suivre. 

« Il est intéressant que vous demandiez des renseignements à propos de la valeur symbolique du serpent dans le récit en Genèse (Gn 3). C'est donc que vous supposez qu'il s'agit là non pas d'un récit historique mais d'un récit, appelons-le, symbolique ou allégorique. Vous avez certainement raison, et la critique biblique est unanime aujourd'hui à considérer les récits de Gn 1-11 sur l'origine du monde et de l'humanité comme symboliques. Cela dit, toutefois, il faut se garder de conclure qu'ils ne seraient pas « vrais ». Ils sont vrais, tellement vrais, parce qu'ils racontent comment l'homme de la Bible envisageait le monde qui l'entourait, comment il se comprenait lui-même et dans ses rapports avec Dieu et le monde. »  (à suivre)

Jean Bisson - 25 05 2009
Partager cet article
Repost0
14 mai 2009 4 14 /05 /mai /2009 23:07

Même si, à notre époque d’urbanisation outrancière, la population vit majoritairement en ville,  notre culture générale utilise encore des images de moutons, de bergers et de loups, leur héréditaire ennemi. Les moutons de Panurge sont toujours évoqués pour indiquer le mouvement irréfléchi d’une foule (merci Rabelais !). Grâce à La Fontaine, aucun écolier ne peut ignorer la fable « Le loup et l’Agneau » !

Dans les Evangiles, lorsque Jésus se retire au désert, avant de se lancer dans sa période de prédication publique, on peut lire en Marc (1, 13) « « (Jésus ) demeura alors avec les bêtes sauvages ». Selon Jean-Pierre Manigne, l’auteur de « Le Maître des signes », on ne peut comprendre cette remarque de Marc que si on la rapproche des textes de Luc et Matthieu qui disent : « Alors le diable le quitta. » En effet : si le diable quitte le terrain, si le mal disparaît, alors loups et lions quittent leurs instincts sauvages et prédateurs et le monde d’Eden se trouve pacifiquement reconstruit ! L’épée peut redevenir soc de charrue, dès que ce qui divise (dia-bolos) est écarté. Toute opposition disparaît alors entre homme et animal, entre corps et esprit, entre l’homme et ce qui l’entoure.

Dans L'Esprit de la liturgie, Benoît XVI  a écrit que si nous ouvrons les yeux « nous lisons le message du Christ dans le langage de l'univers et, réciproquement, le Christ nous ouvre à la compréhension du message de la Création». Ce travail indispensable de déchiffrement ne peut être réalisé sans l'aide du symbolisme !

Jean Bisson – 15 05 2009 (à suivre bientôt : symbolique du serpent dans la Bible…)

Partager cet article
Repost0
13 mai 2009 3 13 /05 /mai /2009 23:04

Ayant abordé aux temps de Pâques, le symbolisme de l’agneau, je ne quitterai pas ce sujet sans parler de celui dont la vocation est précisément de conduire le troupeau et de veiller sur les brebis : le pasteur, le « Bon Pasteur » ou Berger… « Tu es mon berger, ô Seigneur… »

En ce qui concerne Jésus-Christ, il est à la fois « Agneau immolé » et «  Berger du troupeau », ou plus directement Berger de l’Eglise constituée par ses disciples. Ce sont là de telles évidences que je ne m’y étends pas davantage.

Mais je voudrais soulever le voile sur la symbolique en peinture, des « Bergers d’Arcadie ». C’est un sujet souvent repris par les artistes où l’on voit, dans un décor bucolique, un ou plusieurs jeunes pâtres s’interroger devant un tombeau, avec ou sans tête de mort … Je pense bien sûr au tableau très classique de Poussin (que l’on peut admirer au Louvre). Mais très nombreux sont les peintres qui ont produit sur ce thème. Il ne peut s’agir, d’un point de vue religieux, que de l’incontournable interrogation de l’homme sur sa destinée et sur l’au-delà.

Si vous êtes curieux, vous trouverez facilement sur le web des sites artistiques très bien documentés et illustrés sur ce thème des Bergers d’Arcadie.

Jean Bisson 14 05 2009  (demain : symbolique : du loup…)
Partager cet article
Repost0
2 mai 2009 6 02 /05 /mai /2009 23:09

Cet Agneau de l'Ancien Testatament, pour les Chrétiens, préfigurent le Christ, le fils du Père, Jésus qui sera sacrifié pour "racheter"  les péchés de l’humanité.

Ne nous étonnons pas que l’on chante « Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde… », ne nous étonnons pas que de nombreux vêtements liturgiques décorés d’un Agneau aient été utilisés jusqu’à la réforme liturgique de Vatican II !

Ne nous étonnons pas que l’agneau soit la viande la plus prisée pour les fêtes pascales chez les Chrétiens. Ni qu’il soit resté la viande par excellence pour fêter « Passah », la fête juive célébrant le passage de Mer morte… Ni qu’il soit toujours, pour les Musulmans, l’animal sacrifié pour l'"Aïd El Kébir" (la grande fête) en souvenir de l’obéissance d’Abraham.

Dans l’imaginaire oriental, beaucoup plus que dans la tradition occidentale, malgré la fable de La Fontaine (Le loup et l’Agneau), la littérature populaire a opposé la cruauté du loup – bête sauvage - à la douceur de l’Agneau. 
Dans son évangile, Marc écrit (1, 13) : « Durant 40 jours, au désert, Jésus fut tenté par Satan. Il était au milieu des bêtes sauvages, et des anges le servaient. »  
Enfin, sur la Croix, Jésus cite le début du Paume 22 « Mon Dieu, Mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ?» (appel le plus souvent traduit comme un cri de doute et de détresse, alors qu’il débute au contraire un psaume de confiance dont il faut lire la chute qui délivre la clé !). Il faut y voir que Jésus (l’Agneau vainqueur du mal et de la mort) triomphe des tentations de ce monde, il triomphe du « dia-bolos » de ce qui oppose bien et mal, vie et mort, âme et corps, bêtes sauvages et agneau, tout dualisme est alors dépassé pour entrer dans l’unicité divine.

Voilà, je pense, le symbolisme chrétien de l’Agneau.

Jean Bisson  – 03 mai 2009
Partager cet article
Repost0
1 mai 2009 5 01 /05 /mai /2009 23:06

Qui sont ces invités aux noces de l’Agneau ? Qu'est-ce que le festin de noces de l'Agneau ? C’est en référence à l'héritage qui nous vient de Moïse, éclairé par Isaïe, repris par St Jean-Baptiste, l'ami de l'Epoux, reconnu au coup de lance par  St Jean l'Evangéliste : cherchons l'Agneau de Dieu et courons au festin de ses noces ! La " Pâque incorruptible " est préparée pour nous, purifions-nous pour y communier (le morceau de pain prélevé du pain d'offrande et posé sur la patène s'appelle "l'Agneau" dans la liturgie orthodoxe grecque.

Lorsque le prêtre découpe cette parcelle pour l'offrande eucharistique (durant la prothèse), il récite les versets d'Isaïe " comme un Agneau conduit à la boucherie... " Isaïe 53 ,7) comme y exhorte saint Paul : " purifiez-vous du vieux levain pour être une pâte nouvelle, puisque vous êtes des azymes. Car notre Pâque, le Christ, a été immolée. Célébrons donc la fête, non pas avec du vieux levain, ni un levain de malice et de perversité, mais avec du pain azyme, gage de pureté et de vérité" (1 Corinthiens 5, 7-8).

Clairement, les invités sont le « peuple de Dieu », tous les baptisés au nom du Christ-Agneau. Le festin des noces éternelles de l’Agneau, c’est la fête éternelle des « Sauvés » qui seront admis auprès du Père.

Jean Bisson – 02 mai 2009
Partager cet article
Repost0
29 avril 2009 3 29 /04 /avril /2009 23:06
L'image de l'Agneau rédempteur, dans latradition judaïque, transmise de bouche à oreille, éclaira Jean le Baptiste qui s'écria, sur les bords du Jourdain, à la vue de Jésus, un homme de modeste apparence : " Voici l'Agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde" (Jean 1, 29). Ainsi dévoilait-il Jésus comme le Serviteur souffrant d'Isaïe qui serait livré à la mort pour racheter le péché des hommes.
Le Serviteur souffrant " transpercé à cause de nos péchés" (Isaïe 53, 5) Agneau immolé, sera présent à la mémoire de l'Apôtre Jean, nommé l'Evangéliste, le bien-aimé. Il se souviendra que l'Agneau sans tache ne devait avoir, selon les préceptes de Moïse, aucun os brisé et s'émerveillera de ce que le soldat chargé d'achever les crucifiés en leur brisant les os des jambes préférera, arrivé devant Jésus, percer son flanc d'un coup de lance (Jean 19, 33-37).
Ainsi la tradition du peuple de Dieu transmet de l'Ancienne à la Nouvelle Alliance le même symbole : le sang de l'Agneau dont les Hébreux badigeonnaient les linteaux de leurs portes devient le sang de la Nouvelle Alliance, le sang du Crucifié-Ressuscité. Le symbole de l'Agneau se manifestera pour les siècles des siècles, pour l'éternité du monde promis. L'Apocalypse, de St Jean, nous promet, qu'après la fin du monde actuel, les justes contempleront et acclameront l'Agneau égorgé sur le Trône de Dieu : " Heureux les invités au festin de noces de l'Agneau" (Apocalypse 19, 9).  
(à suivre les 02 et 03 mai) 
Jean Bisson - 30 avril 2009 
Partager cet article
Repost0
28 avril 2009 2 28 /04 /avril /2009 23:04

C’est un vaste et passionnant sujet que celui du symbolisme animalier à travers la Bible.

J’y ai déjà fait allusion en abordant les symboles des évangélistes, puisque 3 d’entre eux sont représentés par un lion, un taureau et un aigle ; le 4ième l’étant par un ange (ou un homme), et ces quatre représentations ayant en commun d’être pourvues d’ailes. En ce temps pascal, je reviens au bestiaire avec l’agneau pascal !

L’Agneau, dans la tradition juive, mais cela est également repris dans la tradition musulmane, est l’animal que Dieu a substitué à Isaac lorsque son père Abraham allait le sacrifier (à la demande de Dieu, comme épreuve d’obéissance…), Genèse, 22, 1-14. Il s’agit même d’un «bélier», c’est-à-dire d’un jeune mâle, sans défaut, pour l’offrir en holocauste à Dieu.

L’agneau était donc l’animal que l’on sacrifiait, par excellence, chez les peuples sémites qui vivaient en nomadisant avec leurs troupeaux le long de l’arc d’or du Tigre et de l’Euphrate.

Bien sûr, l’agneau incarne la pureté, l’innocence, la douceur, la soumission, bref l’animal parfait pour plaire à la divinité.

Il est éloquent de voir comment parle le Psaume 77, 3-4 de l’agneau immolé :" Nous l'avons entendu et connu, nos pères nous l'ont raconté, nous ne le tairons pas à leurs enfants, nous le raconterons à la génération qui vient." Quant au prophète Isaïe, il décrira cet agneau de la Pâque comme subissant les affres du Serviteur souffrant, humilié, outragé, homme de douleur qui ne résiste pas au mal, qui tend son dos aux coups et reçoit soufflets et crachats sans détourner la face." (Isaïe 50, 4-9)

Le quatrième chant du Serviteur de Dieu se termine sur la mise à mort de l'Agneau innocent : " Comme un Agneau conduit à la boucherie, comme devant les tondeurs une brebis muette et n'ouvrant pas la bouche, par coercition et jugement il a été saisi, qui se préoccupe de sa cause ? Oui ! Il a été retranché de la terre des vivants ; pour nos péchés, il a été frappé à mort. On lui a dévolu sa sépulture au milieu des impies et son tombeau avec les riches alors qu'il n'a jamais fait de tort, ni sa bouche proféré de mensonge !... Il s'est livré lui-même à la mort et a été compté parmi les pécheurs alors qu'il supportait les fautes des multitudes et qu'il intercédait pour les pécheurs." (Isaïe 53, 7-9, 12)  (à suivre  demain)

Jean Bisson - 29 avril 2009
Partager cet article
Repost0
30 novembre 2008 7 30 /11 /novembre /2008 00:07

L’aigle est universellement reconnu comme le roi des airs. La noblesse de son vol, la majesté de son port révèle sa puissance, sa suprématie dans l’espace du ciel. Dans l’Exode (19, 4 ), Dieu, s’adressant à son peuple sorti d’Egypte, lui rappelle : «Vous avez vu vous-mêmes ce que j’ai fait aux Egyptiens, et comment je vous ai emportés sur des ailes d’aigle et amenés vers moi. » Dans l’Apocalypse, le 4ième vivant est un aigle en vol (Ap 4, 7). L'évangaliste St Jean est aussi l'auteur de l'Apocalypse (dernier livre du "Nouveau testatment"): il y utilise très abondamment les images symboliques pour décrire les perspectives eschatologiques offertes à l'homme... Il peut y apparaître comme un aigle s'élevant dans l'infini céleste...

De fait, c’est tout l'Evangile de St Jean qui, dans cette symbolique, est Parole de Jésus, Christ et Fils de Dieu. 

Je reviendrai sans doute plus tard, si j’aborde le bestiaire biblique, sur la symbolique générale des oiseaux dans les écrits bibliques et dans l’iconographie chrétienne.

Chacun de nous, symboliquement, ne dispose-t-il pas d’ailes qui, par l'esprit ou par le rêve, lui donne accès à l’altérité, à la liberté ! Mais quel danger ou quelle folie serait de s'enfermer dans ce rêve en oubliant notre matérialité et ses contingences !

(fin de cette série de brèves sur la symbolique des évangélistes)

DEMAIN > La Chine dans la tourmente

Comme l’Eglise entre aujourd’hui dans le temps de l’Avent (sa marche vers Noël), je proposerai en décembre quelques brèves sur la symbolique autour de la crèche, et des coutumes de ce temps de Noël.

Jean Bisson - 30 11 2008
Partager cet article
Repost0
29 novembre 2008 6 29 /11 /novembre /2008 00:08

Le taureau est l’animal que l’on immolait en offrande sur les autels sacrificiel, lors des hécatombes antiques…. Inutile de rappeler la force de cet animal, sa puissance défiée par le Toréador en reste une triste illustration contemporaine !

Ce n’est pas un animal dont on parle souvent dans la Bible, sauf pour l’associer à la crèche et donc à la naissance de Jésus. Dans cet environnement, c’est sa force tranquille qui rassure et en fait le témoin de cet avènement exceptionnel.

C’est sans doute un symbole de l’avènement de la Parole de Dieu dans notre monde, de l’incarnation divine en Jésus (sens du nom "Emmanuel"), « fils de Marie » et « fils du Père » pour les chrétiens.  (à suivre demain : symbolisme de l'évangéliste Jean) 

Jean Bisson - 29 11 2008
Partager cet article
Repost0