LYBIE : situation préoccupante

Dimanche dernier, c’était au Maroc, sur la côte méditerranéenne d’Al Hocima et à Marrakech, deux centres éminemment touristiques, que des violences ont accompagné des manifestations populaires. Quelques morts tout de même, plus d’une centaine de membres blessés dans le service d’ordre, un peu moins de manifestants blessés mais sensiblement plus arrêtés et emprisonnés. Ce n’est peut-être, comme en Algérie, qu’un avertissement au pouvoir ! Saura-t-il entendre ? Saura-t-il ajuster sa réponse ?

Par contre, en Lybie, les revendications sont musclées. Face à l’armée et à la police qui a ordre de tirer et qui - généralement - ne s’en prive pas, c’est plusieurs centaines de morts que l’on dénombre déjà parmi les manifestants. Le mouvement commencé à la frontière égyptienne (l’exemple du voisin a été bien suivi dans cette région traditionnellement opposée au régime actuel). La France a demandé à ses ressortissants qui le peuvent de rentrer en France.  Il est évident que le colonel Kadhafi ne quittera pas facilement le pouvoir, d’autant que la majorité de l’armée lui est (aujourd’hui) encore favorable. Il faut tout de même noter que certains éléments de cette armée ont annoncé qu’ils ne tireraient pas sur les civils et que quelques aviateurs auraient déserté avec leurs appareils. Le curieux silence du Chef de l’Etat a laissé penser qu’il se serait mis à l’abri dans les vastes déserts du Sud… mais le il a dit quelques mots dans la nuit de lundi à mardi.

L’un de ses fils, le précédant, avait annoncé que le combat serait sanglant. Personne n’en aurait douté, et déjà hier, de nombreux immeubles officiels de la capitale étaient en feu, tandis que l'aviation militaire tirait sur les manifestants. Ce n'est que le début d'un drame qui marquera tristement l'histoire de ce pays.

Avant-hier, à Paris, un homme s’est immolé par le feu… Les radios n’ont pas communiqué les raisons de ce drame. Ce qui est certain, c’est que l’insupportable touche de plus en plus de personnes, partout dans le monde. Le nombre de suicides dans certaines entreprises françaises n’en était-il pas l’annonce ?

Le drame du "mal-vivre" n’épargne aucun pays. Mêmes les pays "riches" sont concernés par l’injustice qui n’y est que plus difficile à supporter! C’est un sursaut universel contre l’inégale répartition des ressources, contre la distorsion des revenus entre production et commercialisation, qu’il faut revoir, au niveau de chaque région, de chaque nation, de chaque continent, de la terre entière. Les organisations existent qui portent cette responsabilité ! Mais les avantages privés et pafois le simple intérêt personnel d'un potentat, les intérêts nationaux, les jeux boursiers immoraux peuvent être aujourd’hui encore les plus forts.

Les mouvements populaires et révolutionnaires actuels triompheront. Car ils aspirent à deux valeurs aujourd'hui incontournables : une meilleure justice répartitive et un véritable respect de la dignité et de la liberté de chacun. Les dictatures politiques, économiques ou religieuses ont vécu; toutes seront balayées.

Jean Bisson – 23 02 2011