Deux de mes maîtres, personnalités d’exception, viennent de disparaître.
JEANSON : Ce passionné de l’Algérie, cet ami respectueux de
l’identité et de la culture algérienne vient d'achever son dernier combat. Il avait, dès les débuts de la guerre de l’indépendance algérienne, choisi de soutenir le camp du FLN ( Front de
Libération Nationale). Je faisais alors mon «service militaire». En Algérie, dans les « Tirailleurs Algériens ». J’y ai vécu, de l’intérieur, ce drame cornélien de me trouver lier au
devoir de servir la France, par le biais du service militaire obligatoire, tout en reconnaissant le juste combat des indépendantistes pour leur dignité.
De ce point de vue, Jeanson et ses amis, comme les fulgurants
billets de François Mauriac dans «Témoignage Chrétien» furent mes maîtres à penser. J’y joins Mlle de Chastelier, franc-comtoise, l’un de mes professeurs de philosophie à l’Ecole Normale de
Besançon, qui avait eu alors (en 1957-58) l’audacieux courage de publier un pamphlet contre la torture (*). JEANSON est l’un des derniers combattants pour l’honneur de la France qui disparaît.
Que demeure sa mémoire, car elle incarne la réalité des vraies valeurs françaises.
Jean CARDONNEL, dominicain, un autre passionné, vient aussi, il y a
un mois, de rejoindre Celui pour lequel il avait combattu toute sa vie : Dieu. Ce vieux baroudeur maniait le verbe et les idées avec un éblouissant éclat. J’avais eu le privilège de le
rencontrer, de discuter en direct avec lui, au cours d’un Forum des Communautés Chrétiennes, à Paris, dans les années 1980. L’une de ses interpellations favorites était à peu près
celle-ci : « Si, en toi, ne se loge
aucune semence d’insurgé, tu peux difficilement appartenir au Christ ! ». Il était devenu, lui aussi, pour moi, une référence sur l’exigence d’une éthique spirituelle et sur le plein usage de la liberté du chrétien vis à vis
de l’institution ! Ses positions, sans jamais aucune concession, l’avaient contraint à se trouver de plus en plus marginalisé, voire exclu de sa propre communauté dominicaine. Jusqu’au bout,
il a ferraillé pour la liberté et l’indépendance de l'homme.
Sur l’autre rive désormais, que ces deux fortes personnalités
poursuivent, à travers leur respectif héritage scripturaire, à gonfler les voiles des aventuriers de toute indépendance, des pionniers des rencontres inter-culturelles et inter-religieuses, des
inlassables amoureux d’une universelle fraternité.
(*) « La Chacha », comme l’appelaient ses élèves, était
une petite nièce de Chateaubriand.
Jean Bisson - 04 08 2009
(Avec mes excuses, pour le retard de mise en ligne… Le
bar-relai-Wifi où je me connectais depuis le début de ma cure thermale est fermé le lundi ! Une tentative ailleurs (chez un Glacier) a échoué, mais m’a permis de déguster un agréable
sorbet !)