23 août 2012 4 23 /08 /août /2012 23:01
L'opposition Chiites-Sunnites existe depuis l'origine même de l'Islam. Dès la mort du Prophète, en 632,  
les Musulmans se déchirent autour de cette succession et cette fracture accompagne encore aujourd'hui 
les héritiers du Prophète. Lui-même, n'avait-il pas hésité pour son héritage, entre deux solutions? 

Chacune a été prise comme le fidèle testament par les deux héritiers rivaux : la majorité s'est rangée 
derrière Abou Bakr, désigné  comme "successeur de l'envoyé de Dieu" (ou "calife") qui deviendront les 
Sunnites. Les autres choisiront  Ali, fils de Abou Talib, cousin et gendre du prophète qu'ils désignent  
comme le seul successeur légitime et se nomment  les chiites (de "chia","partisan"). Chaque clan étant sûr
de sa seule légitimité, le schisme oppose depuis l'Islam Chiites et l'Islam Sunnite, chacune de ces deux
branches comptant des "sous-groupes".

"Il faut couper la tête du serpent"(iranien): ce vœu  du roi Abdallah d'Arabie saoudite aux  Etats-Unis en mars 2009 – révélé par WikiLeaks –, leur recommandant d'attaquer l'Iran, a révélé les tensions politiques entre l'Iran chiite et l'Arabie saoudite sunnite!

Cette rivalité s'est rouverte dès 2005, en Irak, quand, après plusieurs décennies sous la férule de Saddam Hussein, sunnite renversé par les USA, les élections ont porté au pouvoir une majorité chiite !

Ces recompositions géopolitiques réveillent les démons et l'on assiste à de véritables guerres partisanes, comme celles qui agitent actuellement la Syrie, et qui débordent sur les voisins turcs, libanais, agitent d'autres puissances voisines comme l'Iran, l'Egypte et inquiètent Israël qui se trouvent au centre des zones troublées!

Pour beaucoup d'observateurs, l'Arabie saoudite est préoccupée par l'obsession d'un complot chiite iranien, appuyé par les groupes chiites de la région (certains étant majoritaire, mais sous tutelle d'un gouvernement ou d'un souverain sunnite...).

Pour certains analystes, la peur des Sunnites face à la constitution d'un "croissant chiite" (Iran, Irak, Syrie, Liban) ne serait pas le véritable moteur de leur opposition. Ce serait plutôt plus la logique du refus de l'influence américaine que des questions religieuses.

L'obsession des pétromonarchies ne serait pas de soutenir une ligne d'éthique religieuse, mais de conserver le leadership économique du marché de pétrodollars!

Enfin, j'emprunte au journaliste Shahzad Abdul, spécialiste du Moyen-Orient, cette conclusion :"la prochaine visite de Mohamed Morsi, le président égyptien, prévue à Téhéran le 30 août lors du sommet des non-alignés – une première depuis la visite d'Anouar El-Sadate au shah d'Iran en 1979 – est symbolique. Elle pourrait représenter l'amorce de l'ébrèchement du front sunnite face à l'Iran. Car une Egypte émancipée de l'influence américaine ressentira moins le besoin de faire de la surenchère anti-iranienne".

La crise syrienne n'est sans doute qu'un épiphénomène dans ce millénaire conflit musulman, devenu un simple conflit d'intérêts qui se mesure en royalties !

Jean Bisson - 24 08 2012
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