C’est en décembre dernier que la chaîne Quick, propriété de la Caisse des Dépôts et Consignations, a
annoncé qu’elle allait tester, dans 8 fast-food (1) l’essai de ne proposer que des menus «halal», c’est-à-dire des viandes abattues en conformité aux exigences religieuses de
l’Islam.
Des «boucheries halal» existent partout où vivent de groupes de musulmans et personne ne se sent agressé
par leur existence. Carrefour, une grande surface implantée très près de chez moi, offre depuis longtemps un rayon «halal». L’abattage des animaux se fait dans les abattoirs publics de la
République, mais en présence de personnalités religieuses qui y accomplissent les rituels de leur tradition. Il existe de même une filière «Cachère» produisant une viande selon les exigences
rituelles juives.
Pour avoir vécu en terres d’Islam durant plus de 14 ans (période où j’ai naturellement mangé de la viande
halal), pour avoir fréquenté en France, dans le cadre de la formation du personnel hospitalier, à leur information et à leur sensibilisation au respect des traditions des diverses religions
(j’intervenais officiellement au nom de l’Eglise Catholique aux côtés d'amis Juifs, Musulmans, Protestants, Bouddhistes, etc.), j’ai vérifié que l’accompagnement des malades en fin de vie posait
précisément des problèmes autour de la nourriture. En effet, les Juifs n’acceptent que les viandes «cachère». Les Musulmans souhaitent des viandes halal, mais acceptent généralement les produits
cachère, car les rites juifs sont plus stricts que ce qu’exige l’Islam et que, pour beaucoup de Musulmans, il suffit dire « Allah ! » avant de consommer la viande du moment qu'elle
a été égorgée (symbolique du sang).
Il en résulte, à Besançon où il n’y a plus une seule boucherie cachère (le groupe juif étant trop
restreint) qu’il est impossible à un juif de respecter les exigences de sa religion. In fine, on constate que des malades âgés et souvent peu entourés, refusent toute nourriture carnée s’il ne
sont pas sûrs de sa source !
Quand je vois à Paris, et ailleurs, le nombre de restaurants chinois… et que personne ne s’est jamais
demandé comment a été abattue la viande servie… Quand je vois, dans tous les pays arabes, le nombre d’Européens qui se régalent de méchouis, de brochettes et autres tagines, sans qu’aucun ne
trouve à redire à ce que la viande soit halal, ça me pose question de constater qu’en France, ces mêmes gens s’indignent que l’on puisse servir de la viande halal ! Mais, ils ont le droit,
au nom de leur liberté de ne pas manger ce qui ne leur plait pas. De là à vouloir interdire, il y a une marge à ne pas franchir. On ouvre bien aussi des restaurants végétariens ! Je trouve
précisément que la liberté française c’est la possibilité de choisir.
Lorsque j’invite chez moi un végétarien, je fais l’effort de composer un menu sans viande. Quand j’ai un
ami qui n’aime pas les salsifis, je ne lui cuisine pas de salsifis. Qu’un ami musulman soit à ma table, il est pour moi naturel de lui cuisiner de la viande halal. Quant à l’ami juif, il a droit
à une omelette ! Et je me régale avec chacun.
Si tel restaurant sert tel type de viande, qui vous oblige à y entrer ? Il y a assez de concurrence. Alors je comprends mal la
croisade actuelle contre tel établissement qui donne dans le halal ! Cela ne vous plait pas ? Allez ailleurs. C 'est si simple ...
Ce me serait bien égal, personnellement, de ne m'approvisionner en viande que dans une
boucherie cachère. Pourvu que je puisse disposer, à côté, d'une bonne triperie et d'une bonne charcuterie, où je puisse trouver ce délicieux boudin traditionnel qui se marie divinement avec les
dernières pommes fraîches qui restent encore de l'automne ! ( Et marier le sang à la pomme, c'est toute une symbolique !)
(1) à Marseille et dans 5 autres villes de l'Hexagone où la population musulmane est bien représentée.
Jean Bisson - 19 02 2010 (Demain > Garde à vue et dignité
humaine.)