2 juin 2012 6 02 /06 /juin /2012 23:00

A Besançon, aujourd'hui 3 juin, l'Eglise diocésaine célèbre la béatification de l'un de ses prêtres le Père Jean-Joseph Lataste. S'il est célèbre, c'est qu'il a fondé la congrégation des Dominicaines de Béthanie, lui qui fut, comme Saint Alphonse de Liguori (1), un fervent défenseur de la dignité des personnes emprisonnées.

Le 27 juin dernier, le Pape Benoît XVI avait signé le décret reconnaissant un miracle survenu en Belgique, dans le diocèse de Namur, comme dû à l’intercession du Père Lataste, ouvrant ainsi la voie à sa béatification. Un autre miracle sera nécessaire pour son éventuelle et future canonisation.

Dès le samedi 2 juin 2012, à 20 h 30, une veillée de prière aura lieu à Besançon, en la cathédrale Saint-Jean. La célébration de béatification sera présidée par le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour la cause des saints et envoyé spécial de Benoît XVI. Il sera assisté par Mgr André Lacrampe, archevêque de Besançon et par Mgr Luigi Ventura, Nonce apostolique; de nombreux autres évêques français seront aussi présents. L’homélie sera confiée au Maître de l’Ordre des Prêcheurs, le Frère Bruno Cadoré, o.p..Des Frères dominicains et des Sœurs de Béthanie viendront de toute la France et de plusieurs autres pays (2).

Jean Bisson - 03 06 2012

1- Ce saint est peu connu. Brillant avocat italien du XVI° siècle, il ne perdit jamais aucun procès jusqu'au jour où son client fut condamné; il s'aperçut que les juges avaient été corrompus. Blessé, il mit fin à sa carrière et troqua sa robe d'avocat pour la bure d'un couvent où il s'occupa dès lors de l'aumônerie des prisons. Il fut bientôt nommé prieur de son couvent, puis appelé, malgré lui, comme évêque de Naples. Il n'y resta que le temps nécessaire à ce qu'on lui trouve un successeur et termina modestement sa vie dans le couvent qui l'avait accueilli. ll fut très vite canonisé et, dès le XVIII° siècle, devint l'un des "patrons" des Missionnaires diocésains fondés par le médecin-chirurgien franc-comtois Jacques Crétenet. Dans le diocèse de Besançon, après la Révolution, les 12 Missionnaires diocésains s'installèrent à Ecole (en 1816) et y restèrent jusqu'à la disparition de leur fonction, en 1977, par décision épiscopale. 

Un vitrail de la chapelle des Missionnaires diocésains d'Ecole représente St Alphonse de Liguori. Devenue dépôt de la commission diocésaine d'art sacré, la chapelle abrite notamment plus de 800 vêtements liturgiques d'autrefois. A l'occasion de la béatification du Père Lataste, 3 chapes blanches en soie moirée, ont été sorties de la collection diocésaine entreposée à Ecole; elles seront utilisées lors de la cérémonie de béatification !

2- Les dominicaines de Béthanie résument ainsi la vie de leur fondateur: le Père Lataste est né à Cadillac sur Garonne (Gironde), le 5 septembre 1832. Très jeune, il se sent appelé au sacerdoce. Après beaucoup d’hésitations, et un combat profond, il entre en 1857 dans l’ordre dominicain.

En 1864, il est envoyé prêcher une retraite aux détenues de la prison de Cadillac: il découvre en elles les merveilleux effets de la grâce, et même, chez certaines, un réel appel à se donner à Dieu dans une vie consacrée. C’est dans cette prison, devant l’Eucharistie, qu’il reçoit l’inspiration de fonder une nouvelle famille religieuse, où toutes les sœurs, quel que soit leur passé, seraient unies dans un même amour et une même consécration, témoignant par là que pour se donner à nous, «Dieu ne regarde pas ce que nous avons été, mais ce que nous sommes», selon ses propres termes.

Deux ans plus tard il ouvre la première communauté des Dominicaines de Béthanie, sous le patronage de Sainte Marie-Madeleine.

Partager cet article
Repost0
29 mai 2012 2 29 /05 /mai /2012 23:01

Voici une lettre qui serait le script d'une interview d'Ann Graham, fille de Billy Graham (1). C'est une déclaration enregistrée dans l'émission "The early show", en réponse à la question "Comment Dieu a-t-il pu laisser quelque chose de ce genre arriver?", question posée par l'animatrice Jane Clayson, à la suite d'une agression mortelle dans un collége.

Si je ne partage pas toutes les remarques qui suivent, j'en approuve du moins un certain nombre. C'est en tout cas un intéressant regard de l'Amérique "évangélique" contemporaine. Volontiers moraliste. Théiste alors qu'en France les croyants peuvent de sentir d'abord laïcs puis, dans ce cadre, libres de leurs convictions religieuses. 

Jean Bisson 30 05 2012

1- Né en 1918 - je pense qu'il est toujours en vie - Billy Graham est un pasteur "évangéliste", super star de la télévision par laquelle il intervenait dans plus de 165 pays... Relativement proche de l'Eglise catholique, il a été assez lié à certains Présidents des USA. 

 

"Je crois que Dieu est profondément attristé par tout ceci, tout comme nous; mais cela fait des années que nous lui demandons de sortir de nos écoles, de sortir de notre gouvernement et de sortir de nos vies. Et, comme Dieu est un gentleman, je crois qu'il a simplement fait ce que nous lui demandions. Comment pouvons-nous espérer sa bénédiction et sa protection si nous lui demandons de nous laisser tranquilles?

Je sais qu'il y a des milliers de courriels qui se promènent sur le net en regard des événements du 11 septembre, mais ceci nous fait réfléchir. Si vous n'avez pas le temps, au moins lisez ceci en surface, en fin de compte ceci devrait nous porter à réfléchir. En lumière des récents événements... attaques terroristes, fusillades dans les écoles, etc.

Voyons voir. Je crois que ceci a commencé quand Madeline Murray O'Hare (elle a été assassinée, son corps a été trouvé récemment) a déclaré qu'elle ne voulait pas de prière dans les écoles, et on a dit O.K.

Ensuite quelqu'un a dit qu'il était préférable de ne pas lire la Bible dans les écoles... la Bible qui dit "tu ne tueras point, tu ne voleras point et aime ton prochain comme toi-même". Et on a dit OK.

Ensuite, le Dr Benjamin Spock a dit qu'on ne devrait pas donner de fessée à nos enfants lorsqu'ils manquent de discipline, parce que cela pourrait déformer leurs jeunes personnalités et endommager leur estime de soi (le fils du Dr Spock s'est suicidé). Et nous nous sommes dit qu'un expert sait certainement de quoi il parle, alors on a dit, OK.

Ensuite quelqu'un a dit que les professeurs et les directeurs d'école ne doivent pas discipliner nos enfants lorsqu'ils manquent de discipline. Et les administrateurs scolaires ont dit qu'aucun membre de la faculté de cette école ne doit toucher un étudiant lorsqu'ils manquent de discipline parce que cela nous ferait une mauvaise publicité et nous ne voulons pas de poursuites judiciaires. (Il y a une grande différence entre la discipline et le fait de toucher, battre, gifler, humilier, etc.). Et on a dit, OK.

Ensuite quelqu'un a dit, laissons nos filles se faire avorter si elles le veulent, sans le dire à leurs parents. Et on a dit, OK.

Ensuite un sage membre d'une commission scolaire a dit, étant donnés que les garçons sont ce qu'ils sont et qu'ils vont le faire de toutes façons, donnons-leur tous les condoms qu'ils veulent, pour qu'ils s'amusent autant qu'ils le veulent, et ils n'auront pas à le dire à leur parents, puisqu'ils pourront se les procurer à l'école. Et on a dit, OK.

Ensuite des membres de notre gouvernement élu ont dit que peu importe ce qu'on fait dans nos vies privées, du moment que cela n'affecte pas notre travail. Et, en accord avec cette affirmation, on a dit que peu importe ce que toute personne, incluant le Président, fait en privé, du moment que j'ai mon emploi et que l'économie roule.

Et quelqu'un a aussi dit « imprimons des revues avec des photos de femmes nues et appelons-ça une désignation saine et réaliste de la beauté féminine». Et on a dit, OK.

Et quelqu'un d'autre a poussé cette appréciation un peu plus loin et a publié des photos d'enfants nus et les a rendues disponibles sur internet. Et on a dit, O.K., ils ont droit à leur liberté.

Ensuite l'industrie du divertissement a dit produisons des émissions de télévision et des films blasphématoires, qui montrent violence et sexe illicite. Enregistrons de la musique qui encourage le viol, la drogue, le meurtre, le suicide et les thèmes sataniques. Et nous avons dit, ce n'est que du divertissement, cela n'a aucun effet négatif et puis de toutes façon, personne ne prend cela au sérieux, alors, allons-y.

Et nous nous demandons pourquoi nos enfants n'ont pas de conscience, comment il se fait qu'ils ne connaissent plus la différence entre le bien et le mal, et pourquoi cela ne les dérange plus de tuer des étrangers, leurs copains de classes et eux-mêmes.

Peut-être que, si on y pense suffisamment et assez longtemps, on peut trouver la réponse. Il se peut que cela ait un grand rapport avec «On récolte ce que l'on sème"!

"Cher Dieu, pourquoi n'as tu pas sauvé la petite fille qui a été tuée dans ma classe? Sincèrement. Un étudiant inquiet." La réponse: "Cher étudiant inquiet, Je n'ai plus le droit d'être dans vos écoles. Sincèrement, Dieu."

C'est drôle de voir à quel point il est facile de se débarrasser de Dieu et ensuite se demander comment il se fait que notre vie soit devenu un enfer. C'est drôle de voir à quel point on croit ce qui est écrit dans les journaux mais qu'on doute de ce qui est écrit dans la Bible.

C'est drôle de voir combien tout le monde veut aller au paradis, pourvu qu'il ne faille pas croire, penser, dire ou faire ce que dit la Bible.

C'est drôle de voir quelqu'un dire « Je crois en Dieu » mais suivre Satan, qui, au fait, « croit » en Dieu, lui aussi.

C'est drôle de voir combien il nous est facile de juger mais aussi difficile d'accepter de l'être.
C'est drôle de voir combien de blagues on peut envoyer par e-mail, et elles se répandent comme de la poudre mais quand on commence à envoyer des messages qui parlent du Seigneur, on y pense à deux fois avant de le partager.

C'est drôle de voir à quel point les messages obscènes, crus, et vulgaires passent aussi librement dans le cyberespace, mais les discussions publiques sur Dieu sont bannies des écoles et des lieux de travail.

C'est drôle de voir combien une personne peut être aussi zélée pour Christ le dimanche, et être tout aussi invisible le reste de la semaine.

C'est drôle de voir que lorsque vous viendrez pour diffuser ce message, vous ne l'enverrez pas à beaucoup de personnes de votre carnet d'adresses, parce que vous n'êtes pas sûr de ce en quoi ils croient, ou bien de ce qu'ils penseront de vous pour leur avoir envoyé ce message...

C'est drôle de voir combien je peux m'inquiéter davantage de ce que les autres pensent de moi que de ce que Dieu pense de moi ! "

Ann Graham.

Partager cet article
Repost0
19 mai 2012 6 19 /05 /mai /2012 23:01
Le 17 mai 2012, à Rome, dans le cadre de l’Université pontificale Saint-Tomas d’Aquin, s'est tenue une rencontre judéo-chrétienne. Je la trouve importante. Sur le thème: "Construire sur Nostra aetate (1): 50 ans de dialogue judéo-chrétien", dans le cadre de la cinquième édition de la "Berrie Lecture" (initiative promue par la Fondation Russel Berrie de New York), divers intervenants de la Communauté juive et de l'Eglise catholique ont fait le point sur ces instances de compréhension mutuelle entre foi juive et foi chrétienne.

Le cardinal Kurt Koch, président de la Commission du Saint-Siège pour les relations religieuses avec le judaïsme, a affirmé que le dialogue est une bénédiction pour l'humanité et que le contraire serait "une trahison de la foi chrétienne". Il a rappelé que "la Shoah était devenue une question adressée au christianisme, et une accusation". C’est pour cela qu’après la seconde guerre mondiale "un effort concerté s’imposait pour redonner une définition théologiquement fondée de la relation entre l’Eglise et le Judaïsme". A cette nécessité, le Concile Vatican II a répondu par la déclaration "Nostra aetate", sur les relations Eglise et religions non chrétiennes. Cinquante ans après, ce texte reste le “document fondateur” du dialogue entre l’Eglise catholique et le judaïsme.

Le cardinal Koch de poursuivre: "Le dialogue judéo-catholique, ne sera donc jamais inactif, en particulier au niveau académique, surtout dans la mesure où cette nouvelle ère de la relation entre juifs et chrétiens, ouverte par le concile Vatican II, est naturellement constamment mise à l’épreuve. D’un côté, le fléau de l’antisémitisme semble impossible à extirper dans le monde d’aujourd’hui; et même dans la théologie chrétienne, le très ancien marcionisme (2) et l’antijudaïsme ré-émergent avec un esprit de revanche, non seulement de la part des traditionnalistes, mais aussi dans le courant libéral de la théologie actuelle. Au vu de tels développements, l’Eglise catholique est contrainte de dénoncer l’antijudaïsme et le marcionisme comme une trahison de sa foi chrétienne, et elle doit rappeler que la fraternité spirituelle entre juifs et chrétiens a son fondement ferme et éternel dans l’Ecriture sainte."

L’affaire Williamson, du nom de Mgr Richard Williamson, l’un des quatre évêques ordonnés par Mgr Marcel Lefebvre, dont l’excommunication avait été suspendue début 2009 par Benoît XVI pour permettre l'ouverture d'un dialogue, avait fait craindre que l’Eglise puisse accueillir en son sein un évêque niant la réalité de la Shoah. Il n'en est rien! Le Vatican et Benoît XVI lui-même ont affirmé que le négationnisme n’avait pas sa place dans l’Eglise catholique du XXI° siècle.

Pour ma part, je suis certain qu'un jour, dans le même état d'esprit, quoique la situation soit très différente (3), la même volonté de dialogue s'imposera avec  l'Islam. Le dialogue, morcelé et ponctuel, est déjà ouvert. Timidement, et surtout en Occident. Le temps ne compte pas pour ces questions-là. Mais le temps du respect viendra !

Jean Bisson - 20 05 2012

1- Datée du 28 octobre 1965, la Déclaration Nostra Aetate du IIème Concile du Vatican, «sur les relations de l’Église avec les religions non-chrétiennes», représente, après 20 siècles de méfiance et souvent d'affrontements, un tournant important dans l’histoire des rapports entre juifs et catholiques. C'est l'invitation à engager et à poursuivre un dialogue pour une meilleure connaissance réciproque, et pour tisser des liens d'un mutuel respect entre héritiers directs d'Abraham et des Prophètes de la Bible.

Judaïsme et Christianisme ont en commun la majeure partie de l'Ancien Testament. N'oublions jamais que Jésus est né juif, qu'il a toujours prié selon le rituel juif, et qu'il est mort dans la stricte fidélité à cette foi ancestrale. Les disciples de Jésus, avec Saint Paul, ont créé l'Eglise, après la Pentecôte, mais dans la continuité de la tradition juive. Et tout le "nouveau testament" est venu peu à peu s'ajouter comme complément (et achèvement)  de la Parole des Prophètes.

2- Le "Marcionisme" est une doctrine qui oppose le "Dieu-Juge de l'Ancien Testament" au "Dieu-Amour du Nouveau Testament". Elle réfute aussi la réalité de l'Incarnation du Christ comme "Fils de Dieu". 

3- L'Islam est née de la "révélation" directe du Coran. Le Prophète l'aurait reçu de Dieu, via l'Archange Gabriel. Mais si le Coran fait état de certains Prophètes de l'A.T, d'Abraham, de Jésus et de Marie sa mère, il ne reprend aucun texte biblique.

Partager cet article
Repost0
16 mai 2012 3 16 /05 /mai /2012 23:01

Les Catholiques célèbrent aujourd'hui l'ascension (1) de Jésus. Pour une majorité de Français, c'est une fête dont le sens religieux serait difficile à expliquer. Normal à notre époque où la religion est limitée à la sphère privée et où ceux qui fréquentent régulièrement les églises ne constituent guère plus de 6% de la population métropolitaine! 

La Bible narre comment le prophète Elie, fatigué de vivre, pria Dieu de le rappeler. Il fut exaucé et emporté au ciel sur un char tiré par des chevaux ailés conduits par des anges eux-mêmes ailés... 

Pour les Chrétiens, Jésus, 40 jours après sa résurrection (2) s'est élevé dans une lumière insoutenable devant ses disciples. Pour un Chrétien, cette ascension de Jésus, est la conclusion logique de son histoire terrestre ! Sa vie, sa mort, sa résurrection culminent en cette solennité. En ce jour, Jésus-Christ, retournant auprès du Dieu-Père, fait entrer avec lui l'humanité, malgré toutes ses faiblesses et ses errances, dans la Gloire divine ! 

Pour autant, le Christ n'est pas absent de leur vie. Il est présent avec ceux qui se rassemblent en son nom; il est présent pour eux dans la Parole évangélique partagée chaque fois que les baptisés la lisent et la méditent;  il est présent dans la réserve eucharistique du tabernacle des églises;  il est enfin représenté par le célébrant, prêtre consacré et qui préside chaque eucharistie.

L'ascension n'est donc pas un abandon des hommes, une désertion du monde par Dieu... Elle souligne seulement la discrétion d'un Dieu qui laisse à l'homme, sa complète liberté. Chaque créature conserve ainsi la faculté de choisir sa réponse.

Après Jésus, Marie, sa mère, - toujours dans la tradition chrétienne - fut, sitôt après sa mort, "emportée au ciel". Cet événement est fêté le 15 août lors de la fête de l'Assomption. 

Je ne peux terminer cette brève sans noter l'ascension du Prophète Mahomet, emporté vivant au Septième Ciel, sous la conduite de l'Archange Gabriel. Il est le seul à en être redescendu, après avoir vu la Paradis, après avoir entendu la voix de Dieu, mais, vraisemblablement, sans L'avoir vu. Car aucun humain ne peut voir Dieu avant d'être passé par la mort.

Jean Bisson - 17 05 2012

1- Du latin "ascendere" signifiant monter. De la même racine, le terme "ascenseur"...

2- Il faut bien comprendre le symbolisme du chiffre 40 (40 jours du déluge, 40 ans d'errance du peule juif au désert avant d'atteindre la terre promise, 40 jours de Jésus au désert avant de commencer sa vie publique, 40 jours entre Pâques (résurrection) et montée au ciel (Ascension), etc.

Partager cet article
Repost0
10 mai 2012 4 10 /05 /mai /2012 23:01

Dans la première catégorie, je range les élucubrations nocturnes qu'au réveil le dormeur n'arrive guère à décrypter clairement. Certains notent leurs songes et cherchent à les interpréter. Des psychologues s'y intéressent et tentent même d'en tirer intérêt pour leurs patients, en en faisant une sorte d'exutoire de ce que nous refoulons au profond de notre conscience.

Le rêve qui m'intéresse, celui que je pratique, c'est celui qu'on projette, en toute lucidité, pour dire ce qui nous manque, pour crier ce qu'on voudrait créer, pour réaliser un accouchement spirituel auquel le monde s'est jusqu'alors dérobé.

L'exemple d'un tel rêve qui vient à l'esprit, c'est celui de Martin Luther King, peu avant d'être assassiné, et rêvant de la fin de l'apartheid, de la disparition du racisme, de l'accession au respect de nos différences.

Oui, j'imagine chaque jour en écrivant ma brève un monde renouvelé. Je rêve d'un monde  libre, juste et digne.  Je rêve d'une société heureuse et émerveillée de découvrir la richesse de sa diversité. Je rêve d'un partage convivial de toutes les richesses que nous offre l'opulente nature... Je rêve d'une paix universellement imposée par la raison, par le respect de toute vie, par l'amour des merveilles de notre monde, des fleurs, des saveurs, des sons...

Je rêve que demain soit toujours un jour meilleur, plus beau et plus lumineux. Et demain, si je devais ne pas me réveiller, je rêve à cette paix éternelle que j'aurai enfin atteint. En plénitude.

Jean Bisson - 11 05 2012

Partager cet article
Repost0
4 mai 2012 5 04 /05 /mai /2012 23:01

Bien des esprits se sont échauffés et trop de discours ont dérapé à l'approche du second tour des élections présidentielles. L'Eglise a une règle nette, celle de s'interdire toute consigne ou recommandation de vote. Chaque croyant, lorsqu'il vote est d'abord un citoyen responsable et libre de son choix politique. Deux éléments  soulignent bien pour moi cette liberté et je crois bon de les souligner.

1- Laurent Grzybowski (l.grzybowski@lavie.fr), responsable du magazine "La Vie" s'étonne que "... plusieurs personnalités ou associations catholiques aient carrément appelé à voter pour le candidat de la droite, Nicolas Sarkozy. A notre connaissance, aucun appel n'a été lancé dans l'autre sens." 

Je salue son honnête émotion et sa démarche et je suis pleinement d'accord avec sa conclusion : "Comment promouvoir l'humanité de l'homme et construire une société suffisamment solide où chacun puisse prendre sa place, notamment les plus faibles et les plus fragiles ? Répondre à cette question relève du secret de l'isoloir et de l'intimité des consciences. Puissent ces dernières contributions au débat éclairer le choix de chacun." 

2- La position historique et courageuse de François Bayrou, leader du "Centre droit", qui, se démarquant des avances faites par M. Sarkozy en direction du Front National, n'a pas donné de consignes de vote, mais a eu le courage d'annoncer qu'il voterait pour François Hollande. Décision éthique, choix héroïque, car il sait que cette option le coupe à jamais de la droite classique sans lui ouvrir d'avenir avec la gauche. Mais je crois, comme lui, que c'est le bon pari pour la justice sociale, et, je veux le croire, pour la dignité de la France pour un avenir plus juste pour les Français. 

En conclusion,  comme chrétien, pourquoi ne rappellerai-je pas la remarquable "Note doctrinale" publiée fin 2002 par la Congrégation pour la doctrine de la foi. N'est-ce pas ce texte qui parle d'exigences éthiques fondamentales auxquelles personne ne peut transiger en politique. Cette note soulève sept points fondamentaux parmi lesquels j'en relève quatre: le droit à la liberté religieuse de toute personne, le développement d'une économie au service de la personne et du bien commun, le respect de la justice sociale dans la répartition des revenus et le principe incontournable d"une solidarité humaine universelle. Nous sommes loin, me semble-t-il, des orientations du Front National.

Enfin je déplore les insultes et les brutalités qui, lors de dernières réunions des soutiens de l'UMP, ont touché certains journalistes présents pour exercer leur métier. L'exaspération n'est pas une excuse.

Jean Bisson - 05 05 2012

Partager cet article
Repost0
3 mai 2012 4 03 /05 /mai /2012 23:01

Dernier volet de cette très brève esquisse théologique de la foi coranique.

Le livre saint de l'Islam met m'accent sur un Dieu-Vivant, qui existe et demeure de toute éternité. Sa vie, éternelle, est sans début ni achèvement, Dieu l'a communiquée à l'homme, sa créature terrestre et mortelle; mais s'Il est Celui qui fait vivre et mourir, Il est aussi Celui qui ressuscitera toute la race humaine au Jour du Jugement. C'est là que chacun sera jugé et récompensé ou non, selon les "œuvres" de sa vie terrestre (Coran sourate 21, versets 47 et 104 et sourate 41, verset 39).

Les Musulmans accréditent que, parmi les Prophètes antérieurs à Mahomet, seul Jésus est demeuré vivant, et, enlevé au ciel comme le fut Mahomet, Jésus est le seul à y demeurer jusqu'à son retour pour présider le Jugement dernier.

Dieu enfin est aux regards du Coran le "Miséricordieux": "Ne désespérez point de la Miséricorde de Dieu! Dieu pardonne les péchés en totalité. Il est l'Absoluteur, le Miséricordieux." (Coran Sourate  39, verset 53).

Bien des mystiques islamiques se retrouvent dans cette intercession de l'un deux, texte d'ailleurs très proche de certains Psaumes bibliques: "Mon Dieu, comment serai-je déçu alors que Tu es mon espérance, Comment serai-je méprisé alors que je m'abandonne à Toi?".

Cette grande miséricorde divine, les Chrétiens l'appellent l'Amour. Et le plus grand amour, dans la même symbolique que le sacrifice heureusement arrêté d'Isaac par Abraham, c'est le sacrifice de Jésus sur la Croix "en rémission des péchés de l'humanité". Mais sur ce point divergent les certitudes! Pour les Musulmans, Jésus n'est pas mort crucifié, alors que pour ses disciples il est réellement "mort et ressuscité", Vivant auprès du Père.

Jean Bisson - 04 05 2012

Partager cet article
Repost0
2 mai 2012 3 02 /05 /mai /2012 23:01

Ce n'est certes pas la nouvelle trinité... mais c'est un trio de réalités qui aujourd'hui me semble de plus en plus écartelé. C'est le Président des Semaines sociales de France, Jérôme Vignon, qui déclare dans un article signé par Arnaud Gonzague (du 23/04/2012) que "La majorité des catholiques pratiquants est en décalage flagrant avec la doctrine sociale de l'Eglise" et qu'il n'est pas étonné que " les catholiques pratiquants votent plus à droite que la moyenne des électeurs français"...

Il souligne que ce décalage existe depuis plus d'un siècle: dès 1904, dès la fondation des "Semaines sociales", une conséquence de l'encyclique Rerum Novarum" (1), il y a eu des réticences. Mais elles s'étaient atténuées dans les années 1960-1970 grâce au Concile Vatican II. Depuis, durant ces vingt dernières années, les divergences se sont à nouveau creusées car "la société s'est émiettée, l'individualisme a pris une place accrue..."

C'est caractéristique autour du problème de l'immigration : " Nous défendons sur ce point une vision d'hospitalité assez audacieuse qui n'est pas, à l'évidence, partagée par la majorité des catholiques pratiquants français. Que n'avons-nous entendu ! Nous avons toujours été un peu regardés comme acteurs d'une démarche un peu prophétique, qui défend des directions d'avenir assez ambitieuses. Mais aujourd'hui, on nous traite parfois en hurluberlus coupés des réalités."

L'évangile n'est jamais simple à mettre en œuvre... Dialoguer, expliquer ses convictions, montrer comment les orientations et décisions  que l'on propose découlent d'une stricte lecture évangélique et des principes de la doctrine chrétienne ne convainc plus facilement la masse des Chrétiens (2).

L'avenir est incertain. La tendance traditionaliste pousse sans aucun doute vers une doctrine plus frileuse et moins ouverte au dialogue interreligieux. Pour moi, c'est un recul. Un replis. Une peur d'affronter l'altérité. Une paresse aussi de remettre ses propres certitudes en question. Et les progrès actuels de l'extrême droite surfent sur cette même tendance, se nourrissant de la peur de l'altérité, se cuirassant dans une fausse supériorité, se justifiant par un stérile recours à la loi, à la force ou à l'intimidation.

Il est vrai qu'avoir chaque jour à se justifier de ce que l'on pense, de ce que l'on dit, de ce que l'on écrit, ou de ce que l'on aime arrive à fatiguer et à souhaiter se retirer dans sa caverne, comme le fit Platon, ou au désert comme le firent maints Prophètes, et Jésus, et Mahomet, et tous les Pères du désert... Le désert absolu restant l'incontournable et froid silence de la mort.

Jean Bisson - 03 05 2012

1- Texte du Pape Léon XIII sur l'évolution de la société et la "doctrine sociale" de l'Eglise. Une nouveauté mal acceptée pour son modernisme par les Chrétiens de l'époque (surtout la bourgeoisie...)

2- Le peuple des baptisés ne possède souvent qu'une culture biblique et évangélique très sommaire quand elle n'est pas erronée! Beaucoup en sont restés au niveau très léger des notions ingurgitées entre 8 et 11 ans à raison d'une heure par semaine, soit à peine une trentaine d'heures annuelles! Et le niveau des catéchistes est souvent lui-même assez limité et livresque !

 

Partager cet article
Repost0
26 avril 2012 4 26 /04 /avril /2012 23:00

Poursuivant mon approche de la théologie coranique, le livre saint de l'Islam affirme que la grandeur de Dieu ne découle pas seulement de sa toute puissance mais d'abord de sa condition d'altérité. Sa différence est d'une telle fulgurance qu'aucun humain ne peut le voir sans mourir. Et cette grandeur, Dieu ne la partage pas : Il est l'Unique, le Très Haut,  le Tout-Autre.

"Dieu sait ce qui est, dans les cieux et sur la terre. Il sait ce que vous celez et ce que vous divulguez. Il connait bien les pensées des cœurs." (Coran 64, 4) Cette idée revient souvent dans le Coran, soulignant donc la nécessaire loyauté intérieure du croyant.

Sa proximité des pauvres est également un aspect de Dieu à qui l'on prête cette parole: "Les pauvres sont ma famille, les riches sont mes intendants; pourvoyez, ô mes intendants, aux besoins de ma famille". 

Par dessus tout, Dieu est "le Vivant". "De même que Nous avons créé l'homme une première fois, ainsi Nous le ferons resurgir. Promesse qui Nous incombe. Nous le ferons." (Coran 21, 104) Les Musulmans croient donc en la résurrection; ils accréditent que, parmi les Prophètes, seul Jésus est resté vivant, hors du temps, et qu'il reviendra pour présider au "Jugement dernier", rassemblement de toute l'humanité où chaque "Juste" recevra la récompense méritée par ses œuvres. "Nous poserons des balances justes au Jour de la Résurrection et nulle âme ne sera lésée en la moindre chose" (Coran,  21, 47).

Ainsi la théologie islamique peut paraître assez proche de la pensée chrétienne! Une difficulté  cependant surgit: cette interprétation est celle d'un Islam modéré, moderne et tolérant. Or, l'Islam n'a pas de hiérarchie religieuse universelle et il appartient donc à chaque croyant de s'instruire auprès d'un "maître spirituel". Selon l'origine du maître, selon les traditions dont il est imprégné, des divergences profondes d'interprétation peuvent apparaître.

C'est pourquoi, les pays comme la France où s'étoffe une population islamique croissante et dynamique, il importe de favoriser la formation d'Imams dans l'Héxagone - et cela se fait heureusement de plus en plus - plutôt que de voir venir des imams formés à l'étranger et peu familiers aux valeurs de la République française !

Jean Bisson - 27 04 2012

Partager cet article
Repost0
16 avril 2012 1 16 /04 /avril /2012 23:01

La théologie musulmane, pourquoi n'en parle-t-on jamais? Je m'en suis approché dès les années 1965 puisque j'enseignais alors en Algérie, ce pays qui venait tout juste d'accéder à l'indépendance. Un groupe de réflexion islamo-chrétienne existait à cette époque pour tenter de passer de l'affrontement-suspicion au dialogue confiant. Les résultats avaient donné lieu à publication d'un document "Un seul Dieu, tous frères". C'est de ce document qui présentait des jalons pour le dialogue interreligieux que je m'inspire. Je vérifie mes données en consultant aussi régulièrement le "Dictionnaire encyclopédique de l'Islam" de Cyril Glassé, préfacé par Jacques Berques, et édité par Bordas en 1991.

Pour un Musulman, en l'homme - la plus belle créature qu'Il ait réalisée - Dieu a déposé quelque chose de sa Vie et de son Souffle. Dieu attend que "ce lieutenant" le serve fidèlement.

"Dieu lui facilite la vie par ses dons" (Coran 80, 20)

"Le destin de l'homme est entre les mains de Dieu.

et l'homme doit vouloir ce que Dieu veut" (Coran 81, 29)

Un Hadith (1) dit : "Sers Dieu comme si tu le voyais, car si tu ne Le vois pas, Lui te voit !"

La piété musulmane s'est plue à accorder 99 noms à Dieu (2). Son centième nom ne sera révélé qu'au jour du Jugement dernier. Parmi les plus beaux noms : le Miséricordieux, le Très-Haut, le Vivant, le Puissant, le Généreux...

Les Musulmans, comme tous les hommes droits et religieux des autres confessions abrahamiques, recherchent donc Dieu dans l'homme, à travers l'inconnaissance, en acceptant la distance infranchissable qui, en notre vie terrestre, nous rend inaccessible le Créateur. 

Jean Bisson - 18 04 2012 

1- Ce terme "Hadith" signifie un "dire" du Prophète, une explication verbale fournie par Mahomet, puis recueillie et consignée ensuite dans le recueil appelé "Sunnah". 

2- A Dieu appartient pour l'homme, 99 noms. Cent moins un : c'est une valeur symbolique dont l'Orient est friand. On s'accorde généralement sur l'explication suivante : "Lui, l'Impair, aime à être nommé par ces 99 épithètes. Et quiconque connaît ces 99 noms entre au Paradis".

C'est pourquoi de nombreux Musulmans égrainent ces noms "en chapelet" (appelé "subha"), pratique recommandée par un Hadith.

Partager cet article
Repost0